Santé !

buveurs– Je suis ravi de te revoir !
– Moi aussi, figure-toi.
– Mais que me vaut ta visite ?
– J’étais dans les parages, je me suis dit que l’occasion ferait bien le larron.
– « Larron », pas très flatteur ça, mais passons. Tu viens surtout vérifier où en sont les affaires, vérifier que je ne suis pas noyée jusqu’au cou, occupée à boire la tasse, comme tous ces gilets jaunes. Quel massacre… On aurait envie de boire pour oublier.
– C’est une bonne idée, je veux bien t’accompagner si tu veux boire une tasse à ta santé, et à la mienne tant qu’on y est. C’est pas tous les jours…
– Oh oui, bonne idée. J’ai le temps aujourd’hui. Je prendrais bien du thé, avec du sucre. Et toi ?
– Sans sucre. Tu le sais. C’est meilleur pour la santé.
– Tu es rabat-joie.
– Non je n’aime pas tous ces sucres ajoutés. Bref, si on trinquait ?
– Oui, à notre santé !
– À la tienne, sans thé pour moi, et surtout sans sucre ajouté !
– Je pensais qu’on trinquait à nous ?
– Eh bien oui, mais c’est toi qui as pensé que je prenais du thé, je faisais signe au garçon que je n’en prenais pas. C’est tout.
– Mais alors, qu’est-ce que tu bois ?
– La mer, je crois.
– Raconte. Prends une coupe de Champagne, l’amertume te passera !
– Tu me l’offres ?
– Toi qui parlais de larron, je comprends mieux pourquoi. Mais allez, cela me fait plaisir.
– À notre santé, vieille canaille !
– Ton cynisme n’est pas piqué des vers !
– Je ne t’ai pas piqué ton verre, tu as dit que tu prenais une tasse de thé.
– Et tes jeux de mot qui n’en finissent pas. Ne seras-tu donc jamais sérieux avec moi ? Petit blanc-bec.
– Je crois que je préfèrerais un petit blanc sec. – Garçon ! – Tu en prends un avec moi ? Je te l’offre.
– Quel indécis !
– Et oui, avec des si on mettrait Paris en bouteille !
– Bon, on trinque, oui ou non ?
– Oui, oui, je crois qu’on va trinquer… vu l’endroit ! Ne t’en fais pas. C’est pas pour rien que le Fouquet’s a flambé !
– Cela devait bien finir par arriver.
– On va espérer qu’on s’en sortira.

f.

2 réflexions sur « Santé ! »

  1. J’imagine tes protagonistes : bedonnants et moustachus, la cinquantaine bien tapée, lourdingues avec les barmaids… des blaireaux, quoi !

    En tout cas, on ressent un profond sentiment de sociabilité, comme un chaud à l’âme de cohésion sociale et de chaleur humaine, ce qui devient rare en cette période où tout est numérisé, dématérialisé !
    Comme une invitation à l’élargissement du cercle amical, en somme, une sorte de chaînon qui maintiendrait actifs les rapports de proximité.

    Moi qui suis en pleine réflexion sur le thème de la fidélité, voilà un bel exemple de fidélité à un lieu d’échanges, de fidélité à une habitude aussi, avec en outre un fort penchant pour le partage !

    Par contre, la dépendance à l’alcool est un fléau responsable de 50 000 décès par an. Mais bon, on peut toujours se gaver de frites et de pizzas, mais c’est moins drôle… Surtout si on tient absolument à finir bourré.

    Ah, j’oubliais : Mention spéciale pour les jeux de mots astucieux.

    Et tu sais ce que fait une salade avec un révolver ?
    Elle… laitue !

    Cheers

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