Un dessin vaut mieux qu’un long discours. Voici la présentation succincte et illustrée d’un ouvrage mêlant mots et croquis intitulé JE PENSE. Découverte au hasard lorsque je déambulai dans une bibliothèque. Ce sont des textes simples et courts, des lignes de pensées allant et venant comme des vagues au fil des pages. Les portraits qui les accompagnent sont tantôt en noir et blanc, tantôt teintés de rouge, comme cette femme au chemisier qui m’a particulièrement plu. J’en ai refait le portrait, à la plume en utilisant deux types de bleu.
Pour les textes, l’auteur couche sur le papier l’existentiel sans le rendre plus lourd qu’il ne l’est. Il réussit d’ailleurs à rendre parfois léger cet existentiel. C’est pour cela que j’ai aimé parcourir cet ouvrage. En voici deux extraits :
« Penser, penser…
Je voudrais traverser à gué ma propre matière grise,
redresser ici et là un nerf déformé,
rattacher des bouts cassés,
ramasser des cellules abîmées,
opérer d’autres connections [sic] encore puis m’enfoncer
dans mes belles pensées toutes neuves
et vérifier ce que je sais toujours et ce que je ne sais plus.
Je tomberais des nues. Mon cerveau aussi d’ailleurs.
Mais peut-être que rien ne me surprendrait plus
et que je ne trouverais plus rien étrange.«
(p.17)
«Je pense qu’il me manque quelque chose.
D’ailleurs, j’espère qu’il me manque quelque chose.
S’il ne me manquait rien, la vie serait
terne, morne, moche, amère, rance, rêche,
fade, sale, sèche, chiche, vide, insipide.
Pour ne citer que quelques adjectifs.
Mais qu’est-ce qui me manque alors ?
Quelque chose qu’un autre possède
sans en avoir conscience ?
Je ne sais pas.»
(p.71)



Textes : Toon Tellegen
Portraits : Ingrid Godon
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