Le plus grand plaisir qui soit après l’amour, c’est d’en parler.
Louise Labé
Je jouis donc j’écris.
f.
Cher F.,
J’ai tant envie de te parler d’amour. D’un amour muet mais dicible tant il est évident entre nous. Je voudrais te parler de nos gestes, de tous ces effleurements qui nous pénètrent et nous font frissonner comme le vent nous caresse, de tous ces frôlements discrets, de nos contacts cachés. Je voudrais continuellement t’écrire mon envie, le désir toujours plus vif, plus fort de te toucher…
le toucher (nous)
et l’écriture (moi)
et la parole (toi)
Ta parole est un baiser que tu donnes à mes lèvres avant même de les toucher. C’est un baiser qui vient m’effleurer et m’emporte dans une ivresse magnétique que parfois je dois brider. Pourtant, cette ivresse est une luxuriante nécessité. De toutes pensées parasites je me déleste à ton contact, dans notre intimité. Puis vient le baiser vrai. Avec ou sans « embrasse-moi » je sais qu’il se déposera sur moi. Je l’accueillerai, toujours. Tant que tu me désireras. Ton souffle cendré, ton regard intime, ta voix claire et limpide, tout ton être me désire. Désire-moi encore, avec fougue et tendresse… Et je n’aurai de cesse… de t’ouvrir mon cœur.
J’ai revêtu ma jolie robe à pois. Je porte mon body bleu nuit en dessous. Je me sens nue même vêtue. C’est une sensation qu’il me plaît de ressentir par dessus tout. La nudité, vecteur sensible de notre unicité. Quand je m’habille et quand je me dénude, je pense à nous, je pense à l’opulence de nos étreintes quand la chair de nos corps tout entiers s’accorde enfin. Je m’emporte, quand je ne suis pas avec toi, dans cette frénésie intimiste, tantôt du bout des doigts, tantôt par la plume. Celle-ci, comme toi quand tu es en moi, fait corps avec moi. Nous sommes Une. Je rêve de la prochaine nuit, de la prochaine lune où nous ne formerons à nouveau plus qu’Un, toi et moi.
Dans cette espérance latente, je te sens. Tu passes ta main vive sur mes tout petits seins tendus. Fermes de désir. Ce désir semble infini quand je l’écris. Rien qu’à l’approche de tes doigts je sens mon tout petit bouton érectile se redresser, brandissant follement dans cette excitation tant attendue ce désir d’union.
Je veux que tu me cueilles. Je veux que tu m’effeuilles. D’un effleurement docile tu attouches à ma noble sensualité. Les amants ne sont pas farouches, chanceux que nous sommes ! Je repense à ton être débridé quand tu me tiens. Tes mains me font trembler. Libération de tensions superflues. Tu finis par soulever cette robe. Je me sens déjà pleinement exaltée. Les bas m’en tombent. J’ai vite fait de m’en débarrasser. Bon débarras. Ne reste que ce petit bout de tissu qui ne te résistera pas. Tu viendras y glisser subtilement par dessous l’un de tes doigts. Et l’on s’emportera. Tu es à moi. Je suis à toi. À nous deux.
Toisant en miroir nos regards, humectés de désir, je nous dévisage et redessine nos mouvements, de beaux mouvements concomitants et dirigés. Dans cette danse la pleine conscience est souveraine. S’agitent et se retiennent nos flux consubstantiels : c’est alors que je sens, là, à cet instant présent, que tu viens m’habiter. Mon âme est un brasier que ton être illumine et que nos jambes affriolantes attisent mutuellement. Dans la brèche apparente, lumineuse, tu t’es engouffré, jusqu’à atteindre les profondeurs convoitées. Tu bats à plein régime. Je sens tes poumons, ton ventre et ton cœur se gonfler à l’unisson, ils sont à l’écoute et accompagnent fébrilement ta verge irisée qui se tient droite, franche, habile, dans cet antre débordant. Je me nourris d’un tel plaisir concupiscent, de nos sécrétions lactées se mélangeant. Chaleur complice. De la gorge au pied je frémis. Je suis comme la pluie. J’accueille cette force de la nature. Divine et diluvienne.
Je m’étire pour me grandir et ne faire qu’un avec toi. Dans mes songes, et dans notre réalité, tu es comme un chien fou jouant. Je suis ton sucre, ta douceur alléchante. Quand je m’embrase je me lèche les doigts comme lorsque je lèche, avide, délicatement ton sexe. J’ai parfois l’envie de crier quand ce flux bouillonnant remonte d’en-bas. Je voudrais que tu me prennes comme un fou prendrait sa reine. Viens sur mon corps; je te l’offre. Enlace mon cou, je t’ouvrirai mon coffre. Ce bijou est à toi. Je m’agrippe, t’enserre de tous mes muscles agiles mus par ta cadence virile. Embrasse-moi. J’aime quand tu me murmures ces petits mots tendres et goulus à la fois. Dans ce contact labial répété je sens monter la plus puissante coulée de lave, remontant d’un volcan enflammé, éveillé, né pour mugir. Je te sens venir. Je voudrais jouir en même temps que toi.
À cet instant-là.
Au réveil, debout ou allongée, je réalise que cette main posée sur mon sein est la mienne. Je porte toujours ma robe. Tu n’auras pas eu le temps d’en défaire les boutons. Les collants abaissés, ratatinés sur mes chevilles. Comme un voyage inachevé. Mon ventre gronde. Confuse, à moitié contentée, je sens poindre encore mes tétons esseulés. Je voudrais que tu me reviennes…
Dans cet état, je peux compter sur cette plume, qui reprendra la main. Dans ma mémoire, je voudrais toujours garder et regarder la tienne, qui passe… lentement… fermement sur mon sein.
Infiniment,
f.

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