Catégorie : haïku d’hiver

  • 19 décembre
    f/haïku sifflant dans le lointain, comme une cheminée en rut crachant toutes ses vapeurs

    Wagon-couchette
    bains d’or rose matinal
    caressant perles et pétales
    l’Orient-Express fend la rosée

    sur la banquette
    te prendre
    au pied de la lettre
    est-ce l’air des steppes
    qui électrise mes orteils ?

    perdre pied
    entre tes lèvres de Gin mouillées
    songes d’Isatis et d’Honorine
    l’hiver au pelage d’hermine
    offre bien doux voyage

    f.

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  • 18 décembre
    f/haïku furtif

    Sous l’œil du jour
    le corps est encore nu
    et profite des frissons
    aurore déjà perdu

    chassée par l’aube
    aventureuse
    grande évadée des ombres

    roux dans blanc
    indécent déluré
    défaire la robe
    kitsune court si vite

    f.

    A. Rodin, in Aquarelles érotiques (#4836 Femme en mouvement avec vêtements entrouverts, une main au visage)

  • 17 décembre
    f/haïku d’un courant impressionniste. Berthe Morisot nous prête sa chambre, le temps d’une? deux ? rencontres…

    D’un courant spectre
    l’air batifole
    affolant gingerbread
    des peaux tannées
    aux murs porteurs de corps

    nos chairs flagrantes
    de lit en motel
    décorent suant délirantes
    s’émiettent s’étreignent
    dans un brasero blanc

    tout se tient
    en tension sous silence
    les sons geignent
    derrière le grand rideau
    quelqu’un nous voit

    f.

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  • 16 décembre
    f/haïku en voyage, enveloppant, nappant, réconfortant, as warm as parme

    De la langue
    laper la lande mâle
    au parfum de musc
    le coussin est libre

    le fado ce soir n’est pas triste
    il chante le parme ibérique
    acoustique de luxe
    le riz au lait est riche

    du charme à l’enchantement
    l’amour n’est pas mélancolique
    décompression besoin de sucre
    l’évidence qui s’étend
    aux lèvres trempées de galão

    f.

  • 15 décembre
    f/haïku gourmand prônant les péchés de.

    Écrire le cuberdon
    dans une luxure extrême
    ou se lover
    dans la couleur de l’indécence

    en le versant
    le cuberdon s’est écrié
    laissez-moi m’épancher
    dans la coupe

    qu’en dit la croupe ?
    coulée sucrée à savourer
    sur un cul épicurieux
    autrement : plaider
    le plaisir coupable

    f.

  • 14 décembre
    f/haïku pour une échappée belle

    Promesse bouillonnante du printemps
    attendre les Heures est trop long
    Hadès grincheux et ennuyant

    la voix de la terre
    un plaisir à entendre
    un supplice à écouter
    que choisir dans la garde-robe
    l’heure approche

    ne pas perdre une seconde
    pour tous les parfums
    toutes les couleurs toutes les fleurs
    mais revenir, toujours
    à l’amour qui coule, sur l’Achéron

    f.

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    Le Cygne, par Hilma Af Klint, 1915

  • 12 décembre
    f/haïku dans la lune ; songe pour un baiser latte
    hommage à Claude Debussy qui composa son célèbre Clair de Lune et sa méconnue Marche nuptiale pour le couple Louÿs-Hérédia.

    Vent de sépia
    annonciateur de dégel
    regard de marbre
    tombe le masque, volée d’éclats

    haie d’honneur astrale
    planètes alignées
    la lune a demandé sa main
    latte du matin
    un sourire aux lèvres
    fait rougir la voie lactée

    Endymion prend Séléné
    étreinte d’argent
    suite bergamasque
    les cratères chantent
    leur épithalame

    f.

  • 11 décembre
    f/haïku cri du corps, ni plus ni moins

    CHAUD dedans
    FROID dehors.
    Exploration comme jamais alors
    j’aimerais encore
    beau cul

    beaucoup te parler
    ************te branler
    ************te faire jouir

    avec les yeux
    ******le cœur
    ******les pieds

    oh oui !
    oh oui !
    oh oui !

    mes mains ne savent plus
    où donner de la tête
    elles me disent
    qu’attends-tu ?

    f.

    A. Rodin, in Aquarelles érotiques (1995, 2017), Musée Rodin (#4618, Femme nue debout)

  • 10 décembre
    f/haïku anthophile, pour une technique de drague vieille comme le monde

    Je fais la roue
    bouquet de plumes
    pour te conduire
    à regarder
    là où ton regard ne va jamais

    viens, approche
    les fleurs de prunier
    sont encore fraîches
    et abondantes à partager

    cerise sur le gâteau de lune
    le vent d’hiver est tombé
    demain il fera beau
    sur Vénus palpitante rose
    où le bourgeon éclot

    f.

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  • 9 décembre
    haïku des sens en trois temps, ou minauder dans son mino (蓑).

    Grue grivoise espiègle
    chante ta mue chaude
    sur les premières blancheurs
    de l’herbe qui lentement
    hiverne.

    Foule l’herbe humectée
    joue dans ses brins glacés
    nargue les fleurs en berne
    transies sous les pousses
    primesautières.

    Prends dans ton blanc
    hautaine
    la saison froide en otage
    pressant les cœurs volages
    sous ta grâce hivernale.

    f.

    Harvesting Bamboo Shoots in Winter, by Toensai Kanshi (c. 1748-1764), in Feinberg Collection catalogue