Car je t’aime

Cher F.,

T’écrire. Mais comment ? Avec quoi ? Non, ne me parle pas de ma plume, s’il te plaît. De mon cœur, peut-être, meurtris, orgueilleux, vaincu, dissolu, irrésolu, généreux ?
Avant je pouvais compter sur quelques maigres encouragements. Aujourd’hui : néant. Fatalité nostalgique. Avant tu buvais mes mots. Aujourd’hui, c’est comme si tu les mettais au rebus. Tu en reçois trop. Non, pas de moi bien sûr. J’ai arrêté l’inondation. Ce sont les autres. L’enfer ce sont les mots des autres, l’information croulante et croupissante dans ta boîte nauséabonde. Et pis ! Tu ne perçois pas la magie des mots, leur profondeur, tu y es insensible, comme j’ai l’air insensible à la mort. Est-ce laid d’être insensible à la mort ? et à l’amour ? Tu le vois bien quand même ! Cet amour, qui traîne, qui peine, et qui d’un coup bondit, surgit, hurle, dégouline et tue ! Tu le vois bien que je peux ressentir tout cela à la fois.
Alors j’essaye. J’essaye d’écrire, car je t’aime. Je t’aime… Fatalité sublime, fatalité sublime, itère le poète.

Au couchant
ligne de fuite
flèche en plein cœur
de l’horizon
Ondée tremblements
les jambes essoufflées
les poumons perforés
sur le lit gisant
je bous je brûle
les paupières qui palpitent
sois mon corps
caresse survole agite
et je lis sur
tes lèvres énigmatiques
étouffantes commissures
le secret
de cette fatalité
sublime
héroïque.

f.

4 réflexions sur « Car je t’aime »

  1. On revient en pleine forme à ce que je lis…
    Bravo finalement la France vous inspire ma chère M. À moins que vous ne soyez retournée au pays de la Duvel et que celui ci infuse parfaitement votre écriture.
    Le bonsoir belle plume..
    Petit moral pour moi les journées sont moins longues et l’été touche à sa fin je le sens…sniff…sniff…

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    1. mon cher H., non je ne pense pas que ni ce pays ni celui-là ne m’inspire plus qu’autre chose… il y a des temps et des humeurs qui parfois arrivent à se mélanger. Alors cela donne quelque chose. Puis voilà. J’infuse dans mon « bateau » d’où j’aime voir défiler les nuages, des vrais tutu de danseuses étoiles.
      Petit moral aussi parfois, mais je vous laisse une chanson bien triste quand même mais si jolie aussi

      je vous embrasse, faites donc renaître votre moral en le balançant entre une ligne ou deux… Vous verrez qu’il finira par chanter.

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