Je veux croire que tout bascule dehors – que l’univers que l’on – qui, ce « on » ? – tient dans une tasse de thé et qu’à l’heure où seize heures sonnent au clocher alors je m’abreuve de ce qu’il y a en chacun de nous et qu’en dehors du monde il n’existe soudain plus que nous – toi et moi – puisque j’aurai bu, absorbé tout le reste qui n’a plus qu’à décanter dans un vide neuf. Dix-sept heures. Je pense, donc je t’aime. Ou bien peut-être que l’inverse s’opère en moi : dix-sept heures une : je t’aime, je pense. Ça s’arrête là.
f.

Original : Ingrid Gogon dans « Je pense »
« je t’aime, je pense. Ça s’arrête là. »
La juxtaposition des deux propositions m’amène à me demander si l’amour ne devrait pas être un éteignoir des pensées. Et si l’amour n’est que pensé, est-il d’ailleurs réel ou doit-il ne plus être pensé pour exister ? Et s’il n’est plus pensé, comment, où et par quelle magie s’exprime-t-il ? Les émotions sont-elles des pensées ou les pensées viennent-elles commenter les émotions ? Les sensations corporelles doivent-elles être pensées pour être conscientisées ou nous est-il offert le saisissement du plaisir sans le filtre des pensées ?
Bon, j’arrête. Merci pour les pensées pré-nocturnes Plume fragile 🙂
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C’est très bien tout cela ! Tu as cerné ce que je voulais mettre en évidence 🙂 merci !
cette juxtaposition n’était en effet pas anodine du tout. En la formulant, il m’était difficile de corréler ce qui me semblait pourtant possible de corréler sans l’être pour autant… Un peu comme de l’eau et de l’huile finalement. Mais pour en revenir à l’amour, ne s’agissant pas d’une émotion (selon Ogien), difficile de classer l’inclassable, entre pensée ou vapeur spirituelle insaisissable. Après dans l’acte d’amour physique – un baiser, un coït, je peux imaginer que pour des artistes, des auteurs, des êtres inventifs, ces actes peuvent comporter une richesse indéniable dans l’acte de penser. C’est ce qui se trame derrière « Je jouis donc j’écris », de ma plume fragile.
Et la boucle est bouclée 🙂
merci pour ton passage toujours fortement apprécié, cher Thierry.
m.
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