Pour lecteurs avertis.
Premier jour du printemps. Ça y ressemble. Il me baisa une dernière fois vivement. Comme une sucette qu’il lèche énergiquement. Il me baisa de la même manière. Il n’a pas fallu longtemps avant que la sève ne lui monte et qu’il m’invite à la recueillir pour qu’elle continue son trajet et qu’elle s’écoule dans mon gosier. Des rougeurs éparses bourgeonnaient sur nos corps à vif émoustillés. Comme les taches pourpres, fuchsia des orchidées. La nature, l’amour. Quelle différence, après tout ?
Contact. Écoute. Vibrations. Attention. Violence. Calme. Silence. Sonorités. Effleurements. Érectilité. Morsure. Saignement. Observation. Eau. Fluides. Mélanges. Hybridité. Synthèse. Pudeur. Fragilité.
Fragilité et force. Antagonisme qui correspond pourtant à la similitude la plus grande entre la nature et l’amour. La différence porte le nom de perversion.
n.f. « déviation des tendances, des instincts, due à des troubles psychiques ». « changement en mal ».
A. Nothomb écrivait dans Soif que « l’état amoureux ne guette pas les êtres étrangers au mal. Non qu’il y ait quoi que ce soit de mal dans cet état, mais il faut, pour le connaître, receler les gouffres qui permettent l’apparition d’un si profond vertige. »
Il n’y a point de perversion ou d’acte de perversité dans le règne animal ou végétal. La violence, nommée brutalité, ou bestialité, s’exprime tout naturellement. Chez l’homme en revanche, cela semble accompagner sa disposition à écouter son instinct. Il est à même de faire mal, se faire du mal également. Nous savons que le sadisme, comme le masochisme, sont des actes de perversion. Mais avant ces déviances brutales, nous entendons déjà dans tomber amoureux l’expression témoin de ce mal inéluctable. Le lexique parle de lui-même. La chute est souvent (toujours ?) brutale. Comme l’acte peut l’être.
Un lécheur est une personne (c’est bien là le signe qu’il ne s’agit que de la race humaine) « qui aime la bonne chère, surtout aux dépens d’autrui. » Il me baisa, me lécha bien comme je l’aimais, comme un lécheur qui aime cette fois-ci la bonne chair ; une chair délicieuse, délicieusement réceptive à un certain mal. Il me tira aussi les cheveux. Un peu. Suffisamment pour ne plus reconnaître la limite entre ce qui fait du bien et ce qui fait du mal. Tout un art. La sexualité permet de s’épanouir dans celui-ci. À condition que les partenaires en action « recèlent » ces « gouffres » pour que viennent s’engouffrer l’exaltation, les vapeurs, ce vertige.
En rentrant, éprise de ces vertiges de l’amour, je me suis mise à contempler ces fleurs, en chantonnant Bashung, naturellement. Je ressemblais à l’orchidée, si fragile et si généreuse dans ses formes rondes. Cette plante commençait à me faire tourner la tête un peu plus encore. Comme ivre, je n’y voyais plus que des vulves en fleur, image d’une lascivité sans pudeur. Voilà que je quittais un état de perversion pour me retrouver face à un autre. Regard perverti, imprégné de couleurs et d’odeurs évocatrices. C’était le signe d’un esprit affaibli et troublé. Pourquoi ne pouvais-je observer la seule plante, ses pétales, ses bourgeons, ses tiges en érection, sa simple délicatesse, l’expression fine de son innocence ? Au contraire de ce que je voulais y voir, elle m’entraînait dans un vertige vaginal. Tout était rose. Tout était sensible.
Il m’avait retournée comme on peut soulever un pétale, il avait pris mes jambes autour de son cou comme on saisit un bâtonnet et il m’avait léché les orteils un à un, avec sa bouche rosée, il avait saisi chacun de ces orteils comme il léchait ses sucettes. J’observais d’un œil à moitié torve à moitié dirigé ces mouvements circulaires étreindre et envelopper mes doigts de pieds. Il avait plongé sa tête ensuite vers mon sexe. Il avait répété ses mouvements de lèche. Sa langue lapait ce clitoris qu’on surnomme bouton de rose. Tout cela est fait exprès. Cette langue ondulait et tournait, allait et venait comme s’il voulait faire fondre cette sucette ronde, avant de la mordiller pour sucer tout le sucre qu’elle pouvait avoir en elle. Sucre et sucer ne sont-ils pas de merveilleux mots à marier ? Il cherchait à extraire mon suc. Il avait mordu dans la chair de mes cuisses tremblantes sous l’ivresse. Car j’avais bien la chair saoule, saoule de cet alcool qui coulait entre mes lèvres, entre mes fesses. Il continuait à croquer dans cette sucette, n’oubliant jamais de revenir à la douceur. La tendresse ne devait jamais manquer. Jamais. Toujours cet art de se situer entre le plaisir et le mal. Pour assouvir davantage nos envies de sucre – je devais aussi y trouver mon compte et m’abreuver de ce mélange de salive sucrée – j’avais ramené sa tête à mon visage pour l’embrasser, et sentir ce mélange qui avait pénétré sa langue, imbibé son palais, ses lèvres, sa gorge, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien sur ce bâtonnet.
Le sexe consommé, les corps consumés, j’en redemandais, encore et encore, l’esprit détourné de la raison pure. Je repensais à ces obscénités tout en continuant d’arroser mes orchidées. Je repensais à ses caresses en soulevant ces beaux jupons floraux. Le gouffre toujours béant, à ressentir l’humidité et l’agitation qui louvoyaient en dedans, je fantasmais déjà à la prochaine sucrerie que je serai.
f.
Nos loisirs sont caducs
Briquets de marbre
De céramiques inoffensives
J’attends la vague
Et que tu m’emportes
La clarinette enfuie
J’ai vu le Ciel et les Dieux
Plusieurs fois
J’avais des maitresses sylphides
Sur chaque continents
Même engloutis
Et mes visions me font peur désormais
Oracle :
Est-ce la fin des temps ?
Abandonné mon hibou austère
Ce peuple a mangé les oiseaux
A vaincu la végétation
Ou l’inverse…
L’acier et le verre…
Ma caravane bientôt j’espère
Accomplir ma nuit de noce enfin
Le tourment noyé dans la volupté de tes formes
Ni semaine ni week-end
Plus de taxis libres !!!
Juste nos besoins vitaux
Le tabac et ton corps
La route devant nous
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« Juste nos besoins vitaux
Le tabac et ton corps
La route devant nous » très beau…
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drôle de clip… chanson qui a des tonalités de musiques passées… d’un autre temps dirons-nous. Agréable je cherchais le nom du groupe, wikipedia a voulu m’instruire. C’est bien aussi. Merci
« Les éjectas volcaniques, téphras (du grec τέφρα — « cendres ») ou pyroclastes (du grec πυρóκλαστος, formé de pyro — « feu » et klastos — « fragment ») sont les fragments de roche solide expulsés dans l’air ou dans l’eau pendant l’éruption d’un volcan. »
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Merci aussi à vous Mylena..Ces derniers ébats poétiques m’ont chamboulé en fait..
Tant je suis peu coutumier de ces formes de partage…
Vous êtes à convier à mon pique nique post confinement au bord de la seine c officiel!!!
Nous prendrons des tartines beurré de miel et du champagne frais..
Cette musique douce pour vous souhaitez le bonsoir chère Plume et plus neutre à mes yeux maintenant.
Une nuitee confiné strictement seul à vous écrire mais je sens la sève et le venin revenir à votre évocation…
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beaucoup d’émotion dans cette vidéo ! merci, et vos mots sont touchants également.
Serait une aubaine, pareil pique-nique au bord de la Seine.
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