Cher F.,

Est-ce que je peux te parler de tes mains, ce soir ? Tes mains, qui m’ont parcourue pendant tous ces jours et toutes ces nuits, tes mains, qui se sont arrêtées sur toutes les parties de mon corps, des plus ouvertes aux plus secrètes, même dans ces endroits où l’on ne passe jamais sa propre main, ses propres doigts, jamais; tes mains qui m’ont fait trembler de plaisir ressemblent à ton sexe, quand à deux elles s’y mettent, au même moment, au moment même où ton autre membre se meut, remue mes fibres et me secoue le cœur, au moment même où ton corps gesticule et me balance les hanches uniment. Je sens alors dans la paume de ma main tes ravissantes testicules, si fragiles que l’on ose à peine y toucher. Pourtant, j’aime les caresser et y fourrer mon nez, humer chaque parcelle de cette peau humidifiée et innervée. Et c’est en frôlant nos ventres synchronisés que je la sens perler. Ta verge mouillée a heurté la pulpe sensible de mes extrémités, et je sens ce liquide s’écouler sur et le long de mes doigts, quand les tiens commencent à se perdre dans mes cheveux ou à tracer les courbes de mes petits seins. « J’adore ces adorables petits seins », me susurres-tu alors à ce moment-là. Mes reins se souviennent encore bien de la chaleur de tes deux mains. Ils roulent le soir sur mon matelas, comme si tu étais encore là. Ce soir, j’ai le terrible mal de toi. Ton absence met mon corps tout en entier à l’épreuve; elle met comme on dit mon cœur en émoi. J’ai faim. Je me sens vide. Et pourtant, je sens ces mains, leur odeur, qui est devenue un parfum aux multiples saveurs. Lait. Biscuit. Savon. Bonbon. Tabac froid. Tes mains, ce prolongement de ta verge tremblante, caressante, vibrant en moi. Je goutte encore ce début de fluide qui s’extrait de toi, oui, j’ai le goût de toi sur le bout de ma langue, autant que sur le bout de mes doigts. Je goutte ces perles diaphanes, j’aime cette liqueur extraite de ton corps, que j’embrasse, encore et encore. Et dire que tu m’appelles rosée du matin. J’en reprends. Et je saisis le reste avec mes mains. Et revoilà les tiennes. Tes mains sont ni trop grandes, ni trop petites. Tes doigts s’imbriquent parfaitement dans les miens, et quand mon cœur se serre, que mes organes ont froid, je sens ces doigts tout pareils s’attraper pour ne plus se lâcher, pour continuer notre danse spinale et ventrale, notre conversation intime et corporelle qui nourrit mon âme.

f.

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