Il règne un calme étonnant dans l’appartement. R. a ses écouteurs. L. mon casque sur les oreilles. Moi j’ai levé le nez de mon bouquin et j’écoute la cloche de l’église, qui sonne 18h je crois, le vent qui traverse la pièce en long et en large (je te parlais des courants d’air…) et le vacarme incessant en bruit de fond du frigidaire.
Quelques semaines déjà passées à MTL. Je sais que je ne veux pas venir m’installer ici. Je ressens comme un vide flagrant quand tu n’es pas dans ma vie. Mais je ne peux que me désoler de ton silence prolongé. Absence involontaire ? Fatigue boulimique ? Distance imposée ? Je me rappelle ton ami qui vit ici. Il t’appelle parfois. Il ne t’oublie pas. Tu ne sais pas quoi faire de lui. Je sais aujourd’hui qu’en venant vivre ici, c’est toi qui t’enfuis. Et mon train partira sans toi, et continuera, et ne s’arrêtera pas. Tu ne me donneras pas de nouvelles. Tu te tairas. Je continuerai à me découdre. Poupée de cire, poupée de son, poupée d’argile. Plume d’argile. La distance qui nous sépare, distance dépourvue de ta présence, pour moi, c’est comme avoir le vertige pour toi. Je sombre. Je tombe. Je m’effrite. C’est un mal-être que je ne maîtrise pas. C’est une sensation désagréable teintée d’émotions que je supporte mal. Pardonne-moi. La belle voix d’Alice m’emporte avec elle.

Bande-son du jour : Passing stranger. Alice on the roof.

Bande-son du soir : juste le clocher. Le vent. Le frigidaire. Un orchestre de solitude dans un espace infini.

f.