Des pieds à la tête

Francis Picabia, voluptéJe n’ai pas oublié. Même après tous ces jours écoulés sans nous appartenir, sans nous étreindre et sans nous contenter, je n’ai pas oublié. Je n’ai pas oublié cette sensation délicate et sensuelle, cette sensation agréable et nouvelle éprouvée la semaine passée. Cette sensation d’accord parfait, quand nos pieds… quand nos pieds se sont mis à faire l’amour, eux aussi. Lorsque nos pieds sont venus s’épouser, lorsqu’ils se sont enchevêtrés, que nos petits orteils frêles sont venus s’emboîter tout naturellement avec une facilité telle que je dirais, oui, qu’elle fut naturelle… Lorsque nos pieds ont commencé à se répondre, placés élégamment les uns sur les autres… Lorsque nos pieds ont commencé à reproduire le rythme cadencé du reste de nos corps… Lorsque nos pieds se sont animés comme jamais ils ne le sont, car emprisonnés dans des prisons de caoutchouc et de cuir, dans des prisons de laine et de coton toute la journée. Je n’ai pas oublié la sensation de nos pieds nus libérés, ces mouvements habités de flexion, d’extension, appuyés et légers, d’avant en arrière, allant et venant… Je les sens encore, quand je me couche, quand je courbe un peu les hanches pour les voir s’agiter, lentement, quand je suis allongée, quand je me touche… Je n’ai pas oublié cette fois où nous étions, dans l’amour, des pieds à la tête. Je ressentais ta chaleur tout du long, tu percevais ma douce cadence et mon excitation, des talons aux mamelons. Je n’ai pas oublié. Quand nous faisions l’amour jusque dans chacune de nos extrémités. Je revois tes bras longs, s’avançant et longeant mes bras un peu plus courts, jusqu’à sentir tes mains se faufilant, jusqu’à sentir enfin tes doigts s’entrelaçant entre les miens. Je n’ai pas oublié notre amour calqué, articulé et généreux de la semaine passée. Un amour intérieur vibrant dans l’écho dans un amour extérieur, pleinement éprouvé. Je n’ai pas oublié l’osmose de nos deux corps parfaitement mélangés. De la tête au pied. Dans mon cœur c’était fabuleux.

f.

Crédits image : Francis Picabia, Volupté

8 réflexions sur « Des pieds à la tête »

    1. Merci beaucoup Laurence ! Je suis contente que tu interprètes cette correspondance 😊, venant de toi je prends cela pour un beau compliment; j’ai trouvé l’image par hasard, ce n’est pas ce que je cherchais au départ mais j’ai fait directement le lien de cette manière-là aussi en tombant dessus. Bonne soirée 😘

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  1. L’amour qui vibre à l’intérieur, existe-t-il un meilleur moyen d’enrichir la psychologie d’une femme ?
    Vraiment, j’aime beaucoup tes épistoles, Milena, tes petites histoires qui placent la tendresse au cœur de l’histoire, et qui piquent la curiosité.

    Des pieds à la tête, hé bien voilà un large éventail, en matière de plaisirs !

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    1. « Des pieds à la tête, hé bien voilà un large éventail, en matière de plaisirs ! » n’est-ce pas ! 😉
      merci pour ton commentaire Yannu, très touchant et encourageant. Mais pourquoi donc serait-ce un moyen d’enrichir la seule psychologie d’une femme ?

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      1. Q : Mais pourquoi donc serait-ce un moyen d’enrichir la seule psychologie d’une femme ?

        R : Parce que le champ de vision du mâle est très étroit, focalisé sur la performance avant tout !
        Tandis que la femme est plutôt panoramique, attentive à l’autre et à ses attentes.

        Pour schématiser : l’homme brille & la femme éclaire !

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