Climarche ou crève ? (II)

Cher F.,

C’est étonnant : juste après avoir publié Climarche ou crève ?, mes statistiques se sont emballées, comme une nuée de marcheurs, c’était une nuée de blogueurs venant de pays que je n’avais encore jamais croisés sur mon site. 15 pays différents. J’ai trouvé pour le coup que c’était intéressant car cohérent avec la COP 24 qui se réunit aujourd’hui et rassemble pas moins de 190 pays et États, aux côtés d’une pléthore d’organisations.
De plus, le réchauffement climatique ce dimanche était au rendez-vous ! Ah, il fallait bien un peu de chaleur dans l’air pour gagner en crédibilité. Un temps bien humide et doux, comme je ne les aime pas beaucoup. Je préfère quand il fait froid et sec. Au moins, les plus sceptiques ont pu sentir la douceur du climat. Quoi que… S’ils ne sont pas allés manifester, ils n’ont peut-être pas mis le nez dehors. C’est pour ça qu’ils ont des doutes !
Allez, je suis encore médisante. Comme je n’y suis pas allée, je ne sais pas ce que la Marche pour le climat a pu brasser comme monde. Sans doute un peu de tout. Ma voisine m’a fait rire, car elle comptait s’y rendre avec des amis (tu comprends, la solidarité ! — c’est bien, je trouve ça encourageant d’adhérer à des mouvements comme ceux-là à plusieurs. C’est motivant et ça peut être exaltant. En tout cas, c’est forcément plus entraînant que d’y aller tout seul avec son petit drapeau ou son dossard fluo). Bref, tout ça pour dire que ma voisine m’a fait rire (c’était plutôt triste en réalité), car elle m’a raconté qu’elle y était allée, mais que ses amis l’avaient « plantée ». Super ! Vive la solidarité. Elle y est allée seule. Mais elle m’a dit que ça s’était bien passé.
Moi, outre les raisons présentées dans mon monologue acide publié ce week-end, je craignais « les casseurs ». Ces connards qui foutent la merde et qui n’ont d’autre forme de protestation que la destruction, la violence physique et la haine. Je n’avais pas fort envie de me retrouver coincée entre trois terroristes (même si dans le fond, dans ces manifestations, on est tous des terroristes !… je vois déjà des gros yeux et des grimaces, allez, c’est pour rire… quoi que !), dix aliénés, quinze gauchistes, vingt gilets jaunes et deux femen éperdues avec ma gamine sur les épaules. Je ne me serais pas sentie très à l’aise.
Je ne regrette donc rien. Si ce n’est le peu de réaction à ce billet fébrile. Je crois que les gens n’aiment pas ces « mélenchoneries » (mélenconnerie ?). Ils préfèrent les volutes harmonieuses et lyriques. Des angles arrondis. Plus doux à leurs yeux, à leurs oreilles. Ou alors ils n’osent pas. Pourtant, il servait à ça cet article, à laisser s’exprimer les intéressés et les intéressants. Il n’en fut rien. Je crois que c’est mon plus mauvais ratio en termes de visites, d’étoiles et de commentaires. Est-ce que cela reflète quelque chose ? Le sentiment qu’il faut taire ce qui n’est pas bon (au sens de la morale, du bien commun) d’être dit ? Feindre l’indifférence à certains propos ? Ne pas se laisser aller au déchaînement des passions ? Je ne m’explique pas cette retenue certaine pour un sujet pareil, en fait. Heureusement que Thierry était là, sinon j’aurais pu penser que le sujet n’intéressait vraiment personne. À moins que ce ne soit la critique (et non le sujet en lui-même) qui ne prend pas. C’est si rare de rencontrer des avis critiques. C’est dommage.

Mais tu le sais bien, hein, nous ne pouvons pas nous en empêcher, toi et moi, d’être vindicatifs, non, pas vindicatifs, ce n’est pas le mot qui convient, disons d’être à vif, exaltés (je parlais d’exaltation plus haut), de provoquer le débat. C’est peut-être lié à notre patrimoine politique et historique français. C’est souvent ce que tu dis pour justifier nos (in)actions et nos joutes. Enfin, mon article a peut-être ennuyé, il a peut-être déstabilisé mes lecteurs, peu habitués à lire cette plume assertive. Je ne m’époumone pas dans la rue mais sur le papier/clavier. Chacun sa pratique et sa sensibilité. Mais écrire, c’est polluer !? L’encre, les cartouches, internet, les réseaux sociaux, la circulation de données, ah, mon dieu, on ne s’en sortira pas. Inner peace… (grande référence cinématographique, merci Kung-fu Panda)

Je suis donc allée au yoga, comme prévu, et comme ce temps était vraiment doux (une chance pour la saison !), je suis allée courir. J’ai quand même battu le pavé, finalement, à ma façon; des pavés bien trempés. Gare à la chute et aux entorses.

Et je ne t’ai pas répondu. Je pense qu’il n’y avait rien à répondre de toute manière. Je crois aussi que j’avais besoin d’être seule ce week-end. Me réfugier dans ma bulle (de l’air, de l’air !). Le petit monstre a été très fatiguant. Une vraie boule d’énergie. Elle ne s’arrête jamais. Et quand elle ne fait pas la sieste, il faut savoir tenir la cadence.

Je termine en disant que l’une de mes plus grosses faiblesses à l’encontre de notre jolie planète, ce sont les cinq minutes de douche pendant lesquelles je laisse l’eau couler. J’aime la sentir jaillir dans mon dos, couler sur mes mollets, ricocher sur mes talons. Alors, tu penses bien que je ne vais pas te blâmer alors que tu fais la même chose. Mais si en fait ! Pour le bien de tous et au nom de la collectivité, je devrais nous blâmer ! Allez, un grand bouhhhhhh ! Demain, on ne recommencera plus. Mais c’est tellement bon d’être faible et de jouir de ces plaisirs simples. Une solution : arrêter de prendre des douches TOUS LES JOURS. C’est déraisonnable. Cela n’a pas de sens. Je sais que sur ce point aussi, nous partageons le même avis.

À toi,

f.

2 réflexions sur « Climarche ou crève ? (II) »

  1. Je ne suis pas allé marcher non plus. Je ne sais pas si j’aurais résisté à l’envie de casser du casseur.
    Je me suis occupé de mon potager et j’ai fendu du bois. En fait, je me suis attelé à agir à ma façon. Je fais ce que je peux avec ce que j’ai et pour ce que je n’ai pas et dont j’ai vraiment besoin, je récupère des matériaux à la déchetterie du coin pour le fabriquer.
    Mon gilet jaune, c’est mon refus de la consommation. « Je suis riche des biens dont je sais me passer » disait Louis Vignée. Je sais me passer de la douche tous les jours (c’est totalement déconseillé) et pendant une partie de l’année, j’ai une douche solaire dehors avec un récupérateur d’eau de pluie. C’est bien de se doucher au soleil.
    Je comprends parfaitement la colère d’une bonne partie de la population mais je n’attends rien d’un gouvernement, quel qu’il soit, je n’attends rien de personne d’ailleurs. Je fais ce que je peux avec ce que j’ai et pour ce que je n’ai pas… (voir plus haut 🙂
    Quant aux articles qui ne donnent aucune réaction, là où justement, on en attendait et que ça semblait même une évidence, si je devais compter les fois où ça m’est arrivé, sur mon blog, j’en aurais pour un moment 🙂

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    1. Voilà, tu as tout compris. Merci ! Quant à ma réaction face à des non réactions je crois que c’est ma grande naïveté qui a parlé. Ajoute à cela une bonne dose d’idéalisme. Et voilà : la désillusion. Mais cela ne fait rien. On dépasse vite ces petites déceptions, heureusement. Comme toi j’écris surtout pour moi. L’essentiel est de transmettre un message. Bonne soirée.

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